Après vous avoir conté hier la légende des Enchantées, restons encore un moment dans les mystères de Bélesta. Suivez l’Hers vif, et, à un kilomètre au sud du village, vous découvrirez la fontaine intermittente de Fontestorbes. Un lieu aussi fascinant que capricieux, où l’eau jaillit puis s’efface, entre 20 et 40 minutes, au rythme des saisons. On trouve bien une explication scientifique sur Wikipédia, mais que vaut-elle face aux véritables récits ? La vraie histoire est bien plus envoûtante, et laissez-moi vous la dévoiler.
Il y a de cela des âges oubliés, sur le plateau de Sault, les étés s’abattaient comme une malédiction sur les prés, asséchant la terre jusqu'à la fissurer. Pour tenter de sauver les prairies assoiffées, les habitants creusèrent des fossés, élevèrent des vannes, dressèrent des digues, et conduisirent le ruisseau de Rieuforcant vers les champs. Mais dès la tombée de la nuit, les ouvrages s’écroulaient mystérieusement, les fossés se comblaient, l’eau s’échappait.
Inquiets, les villageois décidèrent de veiller. Au cœur de la première nuit, ils virent apparaître une créature étrange : une bête massive, au pelage sombre, dressée sur ses pattes arrière, ses cornes menaçantes brillant à la lueur des étoiles. Les hommes frémirent. Certains murmurèrent que c’était le diable lui-même venu dérober l’eau. Mais le démon, irrité par cette accusation, se manifesta et révéla le véritable coupable : un homme du village, enveloppé dans une peau d’ours, les cornes de bœuf posées en couvre-chef, jouant à effrayer les villageois pour détourner leur bien le plus précieux.
Le diable, d’une voix grondante et funeste, le condamna : « À ta mort, je t’attendrai et te condamnerai à tourner l’eau, pour l’éternité. » Et lorsqu'il mourut, l’homme fut précipité dans les profondeurs infernales. Là, sous la sapinière de Bélesta, le démon le fit prisonnier dans un lac souterrain. « À la saison où tu asséchais les prés, tu retiendras désormais l’eau. Ta peine sera levée seulement lorsque tu parviendras à bloquer l’eau une heure entière sans qu’elle s’échappe. »
Mais, trop exténué pour réussir, le damné laissait invariablement l’eau jaillir. Et depuis, la fontaine de Fontestorbes, au pied d’un imposant rocher, s’élance et s’efface, rebelle, à jamais gardienne d’une malédiction ancienne, caprice d’un destin enchanté.
Cette explication, je la tiens de la conteuse de Bélesta dont je ne connais toujours pas le nom. Mais jamais je n’aurais osé douter des récits de cette dame aux mots empreints de sortilèges et de mystères.
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