jeudi 6 janvier 2022

À Sentein il y a très longtemps, au temps de l’ancienne Loi.


     Il y a très longtemps, au temps de l’ancienne Loi dans le Couserans, près de la source du Lez dans le petit village de Sentein vivaient des "hadas", à cette époque on nommait ainsi les Fées dans le Couserans. Peut-être qu’elles sont toujours là, et qu’elles y vivent toujours ? Mais le monde a bien changé et les paysans sont moins nombreux dans les prés pour les rencontrer.

    En été lorsque les Sentenois étaient dans les prés à ramasser les foins, si une hadas venait à passer et que la récolte était rare, elle leur disait pour les consoler : « Amassat-le plan, bilhèu pron n’aurau ! » (Amassez-le bien, peut-être en aurez-vous assez.). Par contre Si la récolte s’annonçait abondante, elle leur conseillait : « Ramassez-le bien, il pourrait vous servir ! ».

    Depuis la croix d’Antras on pouvait voir le linge des hadas étendues au soleil près du Carric traoucatch (rocher troué) qui leur servait d’habitation. Divisée en deux salles, la première renfermait une fontaine où elles allaient boire, ainsi qu’un petit arbre, l’autre leur servaient de lieu de vie.

    Un matin de printemps un vieillard de Sentein nommé Donès trouva dans ses prés un petit hadach (enfant de fée), il le garda chez lui pour l’élever comme son fils. Personne ne vint jamais le réclamer tant que le vieux fut en vie. Mais le soir où il mourut, la mère vint chercher son hadach. Du pied de l’escalier elle l’appela : « Pinquirinèu ! » Le petit lui répondit : « Mamà mia ! » (maman mienne !). Alors la mère lui dit : « Benadit sia eth que t’a plan noirich » (Béni soit celui qui t’a si bien nourri). Elle emmena l’enfant vers la grotte du Carric Traoucatch et les gens du village l’entendirent pleurer longuement.

    Bien sûr on dit : « Ce n'est qu'un conte de fées… ». On sourit de soi. Mais au fond on ne sourit guère. On sait bien que les contes de fées c'est la seule vérité de la vie, même si nous vivons dans un monde où cette poésie a disparu.